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De cendre et d'écume, une ville (Vincent Calvet)

Calvet Vincent

De cendre et d'écume, une ville

poésie

EditeurLa rumeur libre

CollectionLa Bibliothèque

Date de parution01/2016

ISBN/code barre978-2-35577-107-1

Format (mm)141 x 192

ReliureCahiers cousus, couverture avec rabats

Nombre de pages208

Poids249 g

Prix 18,00 €
Feuilleter

4ème de couverture

Un jour je partirai
vers des contrées altières
des civilisations nouvelles
des forêts vierges
des déserts inhabités
Je prendrai mon bâton de mots
mes sandales de vent
mon sac à dos de désirs
ma gourde d’espérance
Je partirai vers des lointains
des hollandes
vers des rivages
des terres promises
J’emprunterai des chemins de traverse
des sentiers zigzaguant
des drailles très anciennes
des canaux incandescents
Je partirai sans me retourner
vers les écrans
& la Ville
laissant les hordes de sauvages

extrait

URBAINE LÉGENDE

Ce soir j’ai traversé la Ville
une lampe à la main
en quête d’un être humain

J’ai quitté mon tonneau
ma coquille d’escargot
ma maison en carton

J’ai descendu les boulevards au crépuscule
à l’heure où les fauves vont boire
zigzaguant entre les crachats
& les crottes

Je croisais une multitude de clones
des êtres masqués
& se déplaçant comme des automates
j’étais au cœur de la fourmilière
de l’industrie humaine

Entre les hauts immeubles
je ne pouvais pas apercevoir le ciel
les étoiles ni les nuages

Le murmure de la Mer avait été remplacé
par le grondement des voitures
les hurlements les insultes les râles

J’ai croisé un type en costume trois pièces
& je lui ai demandé :
« Sais-tu où se trouve l’amitié ? » :
il m’a répondu par une grimace

J’ai croisé un mec en tenue de moto
& je lui ai demandé :
« Sais-tu où se cache l’amour ? » :
il m’a répondu par un ricanement

J’ai croisé un jeune un peu louche (fumant du shit
& rivé à son téléphone)
& je lui ai demandé :
« Sais-tu où je pourrais trouver la compassion ? » :
il a sorti son briquet
& a disparu dans les flammes

J’ai marché longtemps dans les rues de la Ville
j’ai traversé des places
& des carrefours
les façades de verre des immeubles ne reflétaient plus
Devant une fontaine de l’époque napoléonienne
j’ai cru voir un ange au milieu des jets d’eau
mais ce n’était qu’une statue de bronze

Je suis passé devant les Banques
& les caisses d’allocation
gêné par l’odeur de brûlé qui en émanait
j’ai allongé le pas pour échapper à ce sentiment immonde

Je me suis trouvé devant l’entrée d’une église
à l’intérieur je n’ai trouvé personne
seuls des flics
& des jeunes arabes venus prendre le frais

Le soleil descendait derrière les hautes murailles
enveloppant d’ocre
& de satin les pierres des façades
les passants semblaient changer de visage
& me montraient les traits de la Mort

Je me suis réfugié dans le parc municipal
sous les arcs des branches au pied d’un gigantesque marronnier
près d’une mare où batifolaient des canards

Alors j’ai fermé les paupières j’ai froncé l’œil de mon esprit
pour que cette image de Mer vaste envahisse ma vision
pour entendre en mon for intérieur le bruit des vagues

Les feuilles des arbres chutaient lentement sur le sol sablonneux
on entendait le bruit d’aile des canards
& le glouglou d’une fontaine
je n’ai pas eu à me concentrer longtemps pour y parvenir

Alors ma méditation fut rompue par une sensation étrange
une main posée sur mon épaule
& une voix rugueuse
j’ouvrai les yeux & vis la silhouette d’une clochard hideux
qui me dit :
« Auriez-vous une cigarette, jeune homme ? »
Je tendis mon paquet
& alors je vis sur son visage
quelque chose qui ressemblait à un sentiment humain